Hilaire est le premier évêque connu de Poitiers. Il vit au IVe siècle, rédige plusieurs écrits de première importance, convertit au christianisme de nombreux Poitevins et accomplit des miracles. A sa mort, sa tombe devient un lieu de culte et de pèlerinage, et l’existence d’une basilique, sur son ancien lieu de vie, est attestée bien avant l’an mil.
Au XIe siècle, sous l’impulsion de deux femmes, Agnès de Bourgogne, épouse du duc Guillaume V d’Aquitaine, et Emma, épouse de Knut, roi du Danemark, de Norvège et d’Angleterre et mécène de la future église, l’église Saint-Hilaire est construite sur les plans de l’architecte Gautier Coorland.
C’est une église en croix latine mais qui a aussi un petit aspect de basilique paléochrétienne et qui, surtout, tient compte des contraintes du terrain en bordure de falaise. Ainsi, les fidèles y entrent par le côté. Un porche gothique flamboyant, visible sur une gravure de Boudan datée de 1699, en témoigne.
L’église Saint-Hilaire, en dépit de ce portail, est un chef-d’oeuvre de l’art roman. Elle est consacrée dès 1049 mais, vers 1095, les travaux doivent continuer, car de cette époque date le déambulatoire.
C’est surtout son décor qui en fait une église remarquable: les colonnes et les piliers sont recouverts de peintures qui datent du 11e siècle. Sur les piliers, ont été peints les évêques de Poitiers inhumés à Saint-Hilaire. Les chapiteaux sont historiés (sculptés) et l’un d’eux évoque la mort de saint Hilaire.
L’histoire n’épargne pas l’église Saint-Hilaire. Le clocher est détruit lors des guerres de Religion et, à la Révolution, l’église est achetée par un marchand de matériaux qui entreprend de détruire la nef, alors longue de 90 m. Au 19e siècle, elle est rendue au culte et restaurée, mais elle demeure amputée d’une partie de sa nef, d’autant qu’une rue est créée devant ce qui devient sa façade datée, de ce fait, du 19e siècle.
Située sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, l’église Saint-Hilaire est, aujourd’hui encore, un lieu de pèlerinage pour les Poitevins mais surtout pour les pèlerins du monde entier qui empruntent la via Turonensis, la voie de Tours, et qui ne manquent jamais de s’arrêter prier devant les reliques de saint Hilaire conservées dans la crypte de l’église.