Le palais des ducs d’Aquitaine: la Tour Maubergeon et l’arrière de la grande salle

Un premier palais est mentionné à cet emplacement dès le milieu du 9e siècle au temps des rois carolingiens. Il est alors palais royal, le comte de Poitiers n’étant en quelque sorte qu’un administrateur du roi en Poitou. Il jouxte la muraille romaine dont on peut encore voir la trace à ses pieds dans le square Jeanne d’Arc. Avant l’an mil, il devient le palais des comtes-ducs d’Aquitaine sous la dynastie des Guillaume. Guillaume V le Grand, alors plus puissant que le roi de France car plus richement possessionné, fait reconstruire le palais.

Mais c’est à Guillaume IX, 7e comte de Poitiers et 9e duc d’Aquitaine, dit le Troubadour que l’on doit le donjon quadrangulaire de ce palais – du moins la base qui seule a été conservée depuis – et qui prend le nom de Tour Maubergeon en souvenir d’Amauberge, célèbre maîtresse du Troubadour. Mais de cette tour primitive, il ne reste presque rien. La Tour Maubergeon, telle que nous la voyons aujourd’hui, est en effet reconstruite à la fin du 14e siècle par le duc Jean de Berry.

La Tour Maubergeon

Nous avons donc au début du règne d’Aliénor et d’Henri II Plantagenet, un vieux palais flanqué d’un donjon quadrangulaire exiguë. Alienor décide de faire bâtir une immense salle d’apparat plus digne d’elle et de sa lignée et surtout plus adaptée à la vie de cour qu’elle mène à Poitiers.

C’est ainsi qu’est construite, entre 1192 et 1204, la salle que nous appelons aujourd’hui la salle des pas perdus. Longue de 50m et large de 17m, cette aula — considérée comme la plus belle de l’Europe médiévale — permet à Aliénor de réunir sa cour, d’organiser des banquets et autres festivités, de proposer à ses hôtes des spectacles de jonglerie ou de montreurs d’ours. Cette salle sert également de cour de justice.

Au temps de la Guerre de Cent ans, Jean de Berry, frère du roi Charles VI, reçoit le Poitou en apanage etldécide de faire d’importants travaux de restauration dans le Palais des comtes-ducs d’Aquitaine dans les années 1388-1416.

Il s’attaque à la Tour Maubergeon qu’il fait flanqué de quatre tourelles d’angle et fait voûter en croisée d’ogive la salle du premier étage.

Mais, surtout, il fait reconstruire le mur sud de la grande salle créée par Aliénor en le dotant de trois magnifiques cheminées où, selon la légende, on pouvait faire rôtir trois boeufs entiers, et d’une verrière de style gothique flamboyant.

A l’époque, on ne pénètre pas dans le Palais par l’entrée actuelle qui à l’époque n’est qu’un solide mur dépourvu de porte. Mais, côté rue du Marché, face à la cathédrale en passant, à l’aide d’un pont de pierre – dont on peut voir les soubassements dans le magasin alsacien de la rue du Marché –, au-dessus des douves qui protègent le palais.

Pouvoir civil et pouvoir religieux se font donc face de part et d’autre de l’actuelle rue de la Cathédrale.

Le Palais a dès lors uniquement des fonctions judiciaires : tenue du Parlement de Paris de 1418 à 1436 au temps où Poitiers est l’une des capitales du royaume de France. Présidial de Poitiers à partir de 1552. Puis Palais de Justice à partir de 1822, date à laquelle est créée l’entrée dans le style en vogue à l’époque: celui du temple grec avec un portique à colonnes de style dorique. Enfin, lieu d’exposition et de rencontres pour les Poitevins depuis qu’en avril 2019 une Cité Judiciaire a été ouverte dans l’ancien lycée Saint-Joseph.

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