Aujourd’hui, je vais vous raconter une HISTOIRE INCROYABLE qui s’est passée dans le nord de la Vienne.


Je vous emmène en effet à BERRIE afin de vous faire découvrir le PRIEURÉ SAINT-JEAN du BAS-NUEIL.

Remontons le temps !


Nous sommes au 11e siècle, très précisément en 1076. Alo, fils d’Alon, donne à la prestigieuse abbaye tourangelle de Bourgueil l’église de la villa de Nueil ainsi que des terres afin d’y établir un monastère.


Une vaste église prieurale est édifiée dans la 1er quart du 12e siècle. Elle est entourée d’imposants bâtiments conventuels et notamment d’une superbe SALLE CAPITULAIRE où se réunissent les moines en chapitre.


Les Guerres de Religion sont fatales au prieuré. En 1636, l’église prieurale et le cloître sont déclarés en ruines. Et en 1717, l’évêque de Poitiers interdit que le culte soit célébré dans cette église devenue trop dangereuse.


La Révolution survient et, au 19e siècle, commence le DÉPOUILLEMENT de L’ÉGLISE.

En 1834, le propriétaire M. Haward vend des « fragments lapidaires  » à l’évêque de Poitiers pour la chapelle baptismale de la cathédrale. Sans doute une ou deux statues.
Mais surtout, en 1926, par acte notarié passé chez Mtre Aymard, notaire à Loudun, un antiquaire du nom de Paul Gouvert achète la SALLE CAPITULAIRE toute entière.

Elle est dépecée en 1926 et remontée en partie chez l’acquéreur, le banquier N. Chrisoveloni, beau-frère de Paul Morand, en son château de Mesnuls en région parisienne.


Hélas, notre collectionneur décède. Paul Gouvert rachète la salle capitulaire et la revend au sculpteur américain Georges Grey Barnard.


La salle est de nouveau démolie et traverse l’Atlantique au cours de l’été 1927.

Catalogue du Musée de Worcester

La voici à New-York. Va t’elle être exposée au Musée des Cloisters ? Non. Les Rockfeller la jugent sans doute d’un moindre intérêt que d’autres. En revanche, ce musée aurait conservé l’un des portails du prieuré.


Barnard revend à son tour notre SALLE CAPITULAIRE… au MUSÉE DE WORCESTER dans le Massachussets où, depuis, elle coule des jours heureux admirée par de nombreux américains.


Mais l’histoire ne s’arrête pas là !

Maître Aymar est un érudit doublé d’un passionné de l’histoire locale.


Sans doute dans le souci de sauver ce qui peut l’être, comme beaucoup à son époque, il dépouille l’église SAINT-JEAN du BAS-NUEIL de plusieurs de ses chapiteaux et de quelques unes de ses voussures.

Regardez une des photos ci-jointes: l’absence des chapiteaux est flagrante.
Aujourd’hui, ces chapiteaux se trouvent à la MAISON DE LART ROMAN, musée situé à Loudun, et scénographié par notre notaire amoureux des vieilles pierres.


Voilà la triste histoire du PRIEURÉ SAINT-JEAN DE BERRIE.


Ses ruines — abside, déambulatoire et absidiole voûtée en cul de four — se dressent dans le Loudunais et il est possible de visiter ce lieu attachant qui a besoin de nous tous pour survivre.
Belle découverte à toutes et à tous.

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